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20/07/2022

GRANDS DEVINS ET ASTROLOGUES DE L'ÈRE CHRÉTIENNE

Les grands devins et astrologues de l'ère chrétienne

Dans l'Antiquité, les sciences divinatoires étaient un domaine réservé aux prêtres et se confondaient avec l'astronomie et les mathématiques. Mais tout va changer avec l'apparition des grands devins de l'ère chrétienne.

                                                                         Par Pierre Genève et Jacques Mandorla

Apollonius de Tyane, le voyant

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 Apollonius a prédit la fin de l'Empire romain 400 ans avant qu'elle ne survienne !

Apollonius (4 av. J.-C., 97 ap. J.-C.), fondateur d'une école de philosophie néoplatonicienne à Tyane (ville, aujourd’hui en ruines, qui était située dans l’actuelle région d’Anatolie, en Turquie), est l'auteur d'ouvrages traitant d'astrologie et de divination.

Grand voyageur, excellent orateur, il exhorte les foules à réformer leurs moeurs, à brider leurs désirs égoïstes et à vénérer les dieux. Il a un don de clairvoyance très prononcé et prédit la fin de l'Empire romain pour l'an 1230 de la fondation de Rome, ce qui correspond assez exactement à l'année 476 que les historiens retiennent pour dater la fin de l'Empire romain d'Occident !

En 86, Apollonius annonce publiquement que l'empereur Domitien règnera dix années, après quoi il mourra assassiné et un vieillard lui succédera pour peu de temps. Dix ans plus tard, discourant devant le peuple de Tyane, il s'arrête soudain dans sa péroraison et s'écrie: "Frappe, frappe le tyran! Le coup est porté ! Il est blessé ! Il chancelle ! Il tombe !" Au même moment, à des centaines de lieues de là, l'empereur Domitien est assassiné et Nerva, âgé de 70 ans, lui succède pour quelques mois.

On attribue à Apollonius d'extraordinaires miracles, notamment d'avoir ressuscité une jeune fille ou rendu la vue à un soldat dont les yeux furent crevés au combat.

On oppose parfois sa vie à celle du Christ : tous deux prophètes et thaumaturges, l'un est demeuré païen, l'autre a fondé une nouvelle religion triomphante.

 

Sainte Priscilla, la guérisseuse

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Saint Paul (à gauche), en train de converser avec ses disciples Aquila et Priscilla.

On connaît peu de choses de cette sainte légendaire qui vécut au 1er siècle de notre ère, à une époque de sévères persécutions.

La légende affirme qu'elle aide les pauvres, guérit les malades par la prière et l'imposition des mains, console les Chrétiens en leur prédisant, avec force détails encourageants, leur future vie au Paradis. Grâce à ses prédictions imagées et précises d'une vie meilleure après leur mort, les croyants voués au martyre endurent les tortures qui leur sont infligées, en chantant et louant Dieu.

Priscilla était mariée à Aquila : tous deux suivirent saint Paul à Corinthe puis à Ephèse afin de convertir de nombreux fidèles.

Sainte Priscilla a donné son nom à la plus ancienne et à la plus importante catacombe de Rome. En Angleterre, à la fin du XIXe siècle, elle est promue "Patronne des Voyantes et des Voyants" lors d'un Convent réunissant astrologues, guérisseurs et voyants du monde entier !

Maternus, l’astrologue

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Firmicus Maternus fut l'un des plus célèbres astrologues de l'ère chrétienne.

Firmicus Maternus (150-200), né à Syracuse, juriste romain amateur d'astronomie et d'astrologie, étudie l'influence des planètes sur le destin des hommes, dresse l'horoscope de personnages historiques ou légendaires tels Oedipe, Pâris, Homère, Ulysse, Platon, Archimède, César et Cléopâtre.

Selon la légende, il doit sa célébrité à sa prédiction de l'assassinat des 18e, 19e et 20e empereurs romains, entraînant la fin de la dynastie des Antonins et l'avènement des Sévères.

Carpocrate, le gnostique

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Carpocrate et les adeptes de sa secte gnostique s'adonnent à l'astrologie et à l'oniromancie, art divinatoire utilisant les rêves.

Philosophe platonicien d'Alexandrie, Carpocrate vit au Ile siècle de notre ère. Il est confronté aux idées du christianisme naissant et est connu comme un théologien gnostique, adepte des sciences divinatoires.

Carpocrate conçoit "un monde visible créé par des anges déchus de leur pureté originelle qui se sont unis à la matière universelle. La plupart des âmes humaines s'amalgament à des corps mortels en punition d'une faute primordiale, commise dans le monde invisible. Seules quelques-unes d'entre elles, restées fidèles à Dieu, telles les âmes de Jésus, de Platon, de Socrate et d'Aristote, sont incarnées pour la gloire de leur maître".

Vers 160, Carpocrate fonde la secte gnostique des Carpocratiens dont les adeptes véhiculent sa doctrine, souvent fluctuante et confuse, jusqu'au IVe siècle. Pour subsister, les adeptes s'adonnent à l'astrologie, à l'oniromancie (art divinatoire utilisant les rêves) et à quelques autres sciences divinatoires plus secrètes.

Comme d'autres groupuscules gnostiques, les disciples de Carpocrate se livrent à des excès de tous ordres, à l'abri de l'immunité que leur confère une doctrine considérant le Mal comme une création de Dieu, au même titre que le Bien.

Rejetés tant par les philosophes traditionnels que par l'Eglise, Carpocrate et ses adeptes sont pourtant courtisés et recherchés par quelques grands et riches personnages de leur temps dont ils favorisent les turpitudes, les débauches voire les crimes !

Saint Agapit, l’adolescent martyr

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Agapit est jeté dans la fosse aux lions, mais les fauves refusent de le dévorer.

Agapait vit à Palestrina, près de Rome, sous le règne de l'empereur romain Aurélien (214-275).

La légende affirme qu'enfant très précoce, il lit et écrit couramment le latin et le grec dès l'âge de 3 ans, qu'il est doué de clairvoyance et peut prédire, très à l'avance, les événements qui vont survenir.

Ainsi, vers l'âge de 15 ans, le jeune Agapit annonce la mort de l'empereur Claude II et "l'avènement d'un empereur cruel qui se prendra pour le Soleil et mourra assassiné moins de dix ans après son accession au trône".

Cette prédiction étant parvenue aux oreilles d’Aurélien qui vient d'être proclamé empereur par ses soldats, le monarque fait comparaître le jeune voyant devant le Préfet de la Cité. Torturé et condamné en sa qualité de chrétien, pressé d'abjurer sa foi, l'adolescent demeure ferme dans ses convictions et prédit même, sous les quolibets de la populace, que dans quelques années, grâce au signe de la Croix, un Empereur honoré et puissant embrassera la foi chrétienne.

Devant la foule qui le conspue, le jeune garçon, plongé dans un état second, chante les louanges du Seigneur, prophétise et, s'adressant personnellement aux personnes présentes qui l'insultent, leur prédit à voix haute les choses bonnes ou affligeantes qui·vont leur arriver. Ainsi, au gouverneur de la Cité, il annonce une mort soudaine et prochaine.

Au tribun Anastase, qui assiste sans broncher à ses tortures, il prédit sa conversion au christianisme. L'adolescent est jeté dans la fosse aux lions, mais les fauves, pourtant à jeun, refusent de le dévorer ce qui met le gouverneur si fort en colère qu'il en meurt d'une attaque sous les yeux de la foule atterrée !

Agapit est alors décapité, mais sa foi rayonnante, sa résistance à la torture, sa résolution sans faille et son étonnant don de voyance, amènent de nombreuses conversions dont celle du tribun Anastase qu'il a prédite ! Plus tard, l'Empire romain devenu chrétien, on édifie une basilique en l'honneur de saint Agapit martyr, dans sa ville de Palestrina.

 

Sainte Thaïs, la pécheresse

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Thaïs dut une partie de sa renommée à ses dons de voyance qu'elle n'hésiter pas à exercer au cours de ses séances amoureuses !

Célèbre courtisane égyptienne du IVe siècle après l-C., Thaïs vit une jeunesse ardente et tumultueuse.

Adulée par ses nombreux et riches amants, elle doit une partie de sa renommée à ses dons de voyance qu'elle exerce, d'après la légende, au cours même de ses séances amoureuses !

Thaïs est convertie à la foi chrétienne par Paphnuce, un jeune et bel ermite rencontré au cours d'un voyage dans le désert égyptien. La jeune pécheresse tente de le séduire, mais le saint homme résiste à ses avances.

Paphnuce la convertit, devient évêque, meurt en odeur de sainteté et, bien que resté célibataire, s'oppose au célibat du clergé. Il sera mutilé parce que chrétien : oeil droit crevé et tendon d'Achille de la jambe gauche coupé. C'est grâce à son influence que, dans les Eglises d'Orient, un homme peut continuer à vivre avec son épouse après son ordination.

Touchée alors par la grâce, Thaïs change de vie : elle se retire dans un couvent et vit cloîtrée dans une étroite cellule où nul n'a le droit de pénétrer, ne s’alimentant que de pain et d'eau durant plus de trois années.

Après trois ans de pénitence, elle sort de sa cellule et rejoint les autres religieuses, mais meurt deux semaines plus tard.

 

Al Farabi

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Al Farabi fut le trait d'union entre la pensée grecque et l'Islam.

Al Farabi (870-950) est l'un des esprits les plus brillants et les plus cultivés de son temps. Initié à Bagdad par des penseurs chrétiens, imprégné de philosophie grecque, Al Farabi est le trait d'union entre la pensée grecque et l'Islam. Il estime qu'Aristote et Platon, malgré leurs divergences, ont apporté au monde la vérité universelle (la « philosophia perennis ») seule capable d'éclairer et de résoudre les problèmes philosophiques qui se posent aux penseurs musulmans.

Philosophe mystique, il propose à ses pairs une philosophie du bonheur qui tranche avec le pessimisme inhérent à la religion chrétienne.

Au cours d'une nuit dans le désert, l'ange Gabriel lui apparaît. Al Farabi a alors la vision extraordinaire de tout l'avenir du monde, de l'instauration sur Terre de la Cité juste, du Royaume de la joie et du bonheur. Désormais, Al Farabi vit en parfaite harmonie avec le monde, prévoyant en toutes circonstances les événements avant qu'ils ne surviennent. Conseiller et astrologue de l'émir Sayt al-Dawla qui vit à Alep, il est souvent appelé en consultation par les grands et les puissants de son époque.

 

Raspoutine : illuminé, débauché, guérisseur et voyant

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Grigori Raspoutine (1872-1916), dont le nom vient du russe « raspoutsvo » (débauche), fut l'une des figures les plus controversées de l'histoire russe. Son influence sur le tsar et la tsarine fut telle qu'il sera assassiné.

Le jeune Grigori se serait révélé dès l'enfance comme un être à la sensibilité délicate, de tempérament fragile, mais d'une force spirituelle hors du commun. Doué d'un charisme extraordinaire, il séduisait les êtres qu'il côtoyait par son étrange regard fixe.

Il étonnait son entourage par son don inné de clairvoyance, prédisant avec justesse et précision les événements à venir, qu'ils soient fastes ou néfastes. On parlait aussi à mots couverts de son surprenant pouvoir de séduction sur les femmes qui succombaient toutes à son charme.

 

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Raspoutine aimait être entouré de nombreuses femmes sur lesquelles il exerçait son pouvoir de persuasion.

 

Selon les témoignages de ses ennemis, le jeune Grigori se livrait dès son plus jeune âge à la boisson et à la débauche. Mais, en même temps, il aurait possédé un ascendant exceptionnel sur les hommes et les bêtes dont il usait parfois pour le bien, mais surtout pour le mal. Doué d'une ruse naturelle hors du commun, il aurait été plus d'une fois pris en flagrant délit de vol et roué de coups, les autorités locales parvenant in extremis à l'arracher à la sévère justice des paysans.

 

Voyant et thaumaturge

À cette époque, d'innombrables vagabonds parcouraient l'immense Empire russe, vivant de l'hospitalité de ses habitants. Parmi eux des moines errants, des illuminés, des saints véritables. Raspoutine trouva refuge, quelque temps, dans un monastère où les autorités ecclésiastiques exilaient, pour les remettre dans le droit chemin, des prêtres dévoyés, pervers, criminels ou encore trop exaltés et s'étant livrés à des activités sectaires.

Grigori étonna les moines qu'il côtoyait par ses pouvoirs de persuasion et son indomptable volonté. Il apprenait par cœur des chapitres entiers des Saintes Écritures, pouvait réciter durant des heures des préceptes moraux, prêcher avec autorité et conviction.

Il pouvait se priver de nourriture et de sommeil durant des semaines, rester à genoux à marmonner des prières pendant des nuits entières. Cette conduite ascétique, considérée par son entourage comme celle d'un saint homme, lui valurent dans ce milieu pieux une très flatteuse renommée.

Raspoutine étonna également par ses surprenantes guérisons et ses étonnantes prophéties. Ainsi, en 1889, cinq ans avant l'avènement du tsar Nicolas II, il prédit à des intimes que celui-ci mourrait assassiné. À d'autres, il prophétisa « la fin de l'Empire russe dans 100 ans ».

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Cinq ans avant l'avènement du tsar Nicolas II, Raspoutine prédit que celui-ci mourrait assassiné.

 

Prédicateur itinérant

Après des années d'absence et après avoir parcouru des milliers de kilomètres, Grigori finit par rentrer chez lui. Sa femme et sa famille le reçurent comme l'enfant prodigue. En 1896, il s'autoproclama « Homme de Dieu » ! À partir de là, ses dons de guérison et de voyance lui attirèrent la sympathie de certains de ses compatriotes malgré l'anathème porté contre lui par le pope du village. On racontait, au cours des veillées, mille exploits attribués au saint homme : comment il guérit des animaux de ferme tombés malades, calma des chevaux fous, rendit la vue à un aveugle, permit à une femme stérile d'enfanter deux beaux enfants. Sa renommée était parvenue à Saint-Pétersbourg et l'Académie de la capitale annonça « qu'en Sibérie était apparu un prophète, un homme d'une clairvoyance divine, un parfait ascète, un faiseur de miracles du nom de Grigori ».

En quelques mois, Raspoutine devint la coqueluche des salons du tout Saint-Pétersbourg. Cette société élégante et oisive, vivant en vase clos, se passionnait pour les sciences occultes, la communication avec les esprits, les tables tournantes, les extralucides, les thaumaturges de tout acabit. Les femmes, auxquelles il était présenté, tombaient toutes sous le charme de son regard pénétrant. Grâce à elles, il se fit très vite quelques relations dont l'appui lui permit de se pousser plus avant dans le grand monde. Il succédait d'ailleurs à d'autres mages, un temps à la mode dans la capitale russe (comme nous l’avons évoqué dans un autre article), tels Maître Philippe de Lyon, Papus, le moine lliodore et quelques autres.

 

Il soulage le tsarévitch Alexis

La naissance en 1904 du tsarévitch Alexis fut pour la Russie, le tsar Nicolas II et son épouse, une époque heureuse et faste à laquelle succédèrent très vite la douleur et le drame, avec l'apparition chez Alexis des premiers symptômes de l'hémophilie (son sang ne coagule pas normalement). Appelée « maladie des rois », elle frappe essentiellement les individus de sexe masculin.

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Raspoutine utilisa ses capacités de guérisseurs pour soigner l'hémophilie dont souffrait Alexis, le fils du tsar.

 

Fragilisé par la tragédie de la défaite de l'Empire et sa tragédie familiale, le couple impérial se laissa subjuguer par Raspoutine qui parvint, en peu de temps, à exercer une influence incroyable sur le tsar et surtout sur son épouse. Les promesses de guérison de leur fils et les premières améliorations constatées chez l'enfant redonnèrent l'espoir aux monarques. Jouissant de la plus totale confiance de la tsarine, l'étrange moujik alla à sa guise dans la demeure, accéda librement aux chambres des quatre filles du tsar (les grandes-duchesses) et à celle du tsarévitch Alexis dont il soulagea à plusieurs reprises les douleurs, séduisit et lutina les servantes.

Persuadée que le saint homme pourrait sauver son fils de la terrible maladie, convaincue de la réalité de ses dons de thaumaturge et de voyance, certaine de la pureté de ses moeurs et de ses intentions, la tsarine lui accorda toute sa confiance. L'interrogeant souvent sur l'avenir du pays, sur la politique à suivre, sur la valeur ou la loyauté des serviteurs de l'État, Alexandra Féodorovna le laissera peu à peu s'immiscer dans les affaires de l'Etat et le défendra contre ses détracteurs de plus en plus nombreux.

 

Placé sous haute surveillance

Mais en 1908, le vent semble tourner. Des rapports effrayants émanant de l'Okhrana, la police secrète, circulent dans les plus hautes sphères de l'État. Stolypine, le président du conseil, ordonne une enquête et prévient l'empereur de son résultat. Afin d'éviter toute équivoque, Nicolas II donne des instructions pour que Raspoutine ne fréquente plus le palais sans nécessité absolue.

Les rencontres entre la tsarine et Raspoutine auront lieu désormais dans la maison d'Anna Viroubova, dame d'honneur et confidente. C'est une femme exaltée, adepte fanatique du Raspoutine et des sciences divinatoires et dont l’influence sur l'impératrice est immense.

Grâce à sa complicité active, le moine est au courant de tous les potins du palais et des affaires les plus intimes du couple impérial ce qui lui permet, lors des consultations en tête à tête avec Alexandra, de lui révéler des choses tellement précises que la naïve impératrice accepte comme des preuves irréfutables de ses dons de voyance.

Peu à peu, tous ceux qui, à un moment donné, ont cru dans la sincérité, la sainteté et le charisme de Raspoutine, se rendent compte qu'ils se sont trompés sur son compte. Mais la Tsarine refuse obstinément de lui retirer sa confiance. Elle croit fermement à ses pouvoirs surnaturels, à ses dons de guérison et de voyance, persuadée que lui seul peut sauver la vie du tsarévitch.

En 1911, comme la rumeur publique sur ses turpitudes enfle, Raspoutine estime qu'il vaut peut-être mieux s'éloigner pour quelque temps : il se rend en pèlerinage à Kiev, au Mont Athos (Grèce) puis à Jérusalem. Mais Alexandra le rappelle d’urgence : le tsarévitch est au plus mal. Cette fois, Raspoutine souhaite s'implanter durablement dans la place. Au cours d'une nuit de beuverie chez les tziganes, il profère à l'égard des souverains une prédiction menaçante : « Dieu a placé la famille impériale et la Russie sous ma seule sauvegarde. Si je venais à disparaître prématurément, le tsar, la tsarine et leurs cinq enfants périraient à leur tour dans la douleur et l'opprobre ».

 

Paroles prémonitoires

La Première Guerre mondiale offre un nouveau tremplin aux ambitions démesurées de Raspoutine. Devant cette situation incroyable d'un monarque omnipotent, maître de l'un des plus puissants empires de la planète, manipulé par un charlatan qui conduit le pays au désastre, quelques personnes se réunissent autour du jeune prince Félix Youssoupoff et décident secrètement d'éliminer Raspoutine. Dans la nuit du 29 décembre 1916, il est tué et son corps jeté dans la Néva. La nation soulagée applaudit.

Mais la guerre se poursuit, de plus en plus meurtrière, affamant et ruinant le pays, et cet acte de bravoure de quelques héroïques patriotes pour libérer la famille impériale du joug de son ange noir, ne la sauvera pas de la révolution qui gronde.

Au cours des mois qui suivent, alors que le pays court au désastre, Lénine s'empare du pouvoir et la sinistre prédiction de Raspoutine s'accomplira dans toute son horreur dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg : le tsar Nicolas II, la tsarine, leurs cinq enfants et quelques proches, périront sauvagement assassinés par les bolcheviks, sur l'ordre très probable de Lénine.

 

Les historiens pensent que l'ordre d'assassiner le tsar et sa famille est venu de Lénine lui-même.

 

Le verdict imparable de l’ADN

En 1990, les squelettes d’une partie de la famille impériale (Nicolas II, sa femme et trois de ses filles : Olga, Tatiana et Anastasia) sont retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Cette découverte met définitivement fin au mystère qu’avait fait planer, pendant plus de ans, une certaine Anne Anderson pourrait bien être Franziska Schwanzkowska, une ouvrière polonaise qui affirmait, depuis 1920, être la princesse Anastasia, la plus jeune fille de Nicolas II. D’ailleurs, en 1994, des tests ADN sont réalisés sur ce morceau d'intestin appartenant à Anna Anderson (décédée en 1984 aux États-Unis) et prouvent que Anna Anderson ne peut pas être Anastasia, ni même un membre de la famille Romanov. Jean des Cars, auteur de l'ouvrage « La saga des Romanov » apporte son témoignage : « Anna Anderson était une pauvre femme traumatisée physiquement et moralement par la guerre, à qui des escrocs avaient fait croire à son identité prestigieuse, totalement inventée, dans le but d'émouvoir, de convaincre et surtout de capter le magot impérial. À partir de sa ressemblance, ils lui ont fabriqué une mémoire avec assez d'habileté pour que certaines personnes succombent et valident l'invraisemblable. La malheureuse, en partie amnésique, avait sans doute fini par y croire elle-même, victime d'une monstrueuse manipulation, la pire puisque, à elle aussi, on répétait une supercherie ».

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En 1990 furent retrouvés les squelettes du tsar Nicolas II, de son épouse et de trois de ses filles.

 

Il manquait cependant les corps du tsarévitch Alexis, 13 ans, et de Maria, 19 ans, l'une des filles, qui auraient été brûlés comme le mentionne le rapport de Yourovsky qui a dirigé l'exécution en 1918. Après de nouvelles fouilles, les deux corps sont finalement retrouvés en août 2007. Et le verdict tombe le 30 avril 2008 lorsqu’un officiel russe annonce : « Le laboratoire de la faculté de médecine de l’Université du Massachusetts aux États-Unis a confirmé l’identité des deux corps retrouvés : il s’agit bien de ceux de la princesse Maria et du tsarévitch Alexis. Nous avons à présent retrouvé la famille au grand complet ».

Le 17 juillet 1998, soit 80 ans jour pour jour après leur mort, les restes de la famille impériale sont inhumés à la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint en présence des descendants de la famille Romanov et du président Eltsine qui a déclaré que « cet assassinat était un acte barbare ». Le tsar et sa famille ont été canonisés par l’Eglise orthodoxe russe en l’an 2000.

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 La famille impériale au grand complet, à l'époque où tout leur souriait.

 

Commentaires

Toujours très instructif de lire des récits relatant des anciens voyants de l'histoire et de l'historique de l'horoscope ! Merci

Écrit par : l'horoscope | 05/05/2014

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