10/02/2023
LES DANGERS DU TÉLÉPHONE PORTABLE
Le comportement de certains utilisateurs de téléphone portable est-il normal ou paranormal ?
Par Jacques Mandorla, auteur du livre « Les ondes nocives » (éditions Grancher) - Ouvrage disponible sur www.amazon.fr, www.fnac.fr ou en librairie
Cette question peut paraître saugrenue quand on parle de l’objet connecté le plus important aujourd’hui sur notre planète. Pourtant, s’il permet aux individus de communiquer à distance avec n’importe quel correspondant du globe, le téléphone portable a changé les comportements de ses utilisateurs, au point que certains d’entre eux (probablement ceux ayant l’addiction la plus forte) se sont retrouvés dans la rubrique « Faits divers » de la plupart des médias du monde entier !
Téléphoner au portable ou marcher dans la rue : il faut choisir !
On se doute que les Français font un peu n’importe quoi quand ils sont au portable, mais le sondage OpinionWay pour GMF (Garantie Mutuelle des Fonctionnaires), réalisé en avril 2016, révèle des comportements qui dépassent l’entendement ! L’étude, intitulée « Les piétons et le téléphone en ville », a été effectuée auprès d’un échantillon représentatif de 1 088 personnes de plus de 18 ans.
Voici ce que font les personnes utilisant leur mobile, tout en marchant (les chiffres cumulent les réponses « souvent » et parfois », c'est pourquoi le total dépasse 100%) :
- 77% téléphonent
- 56% envoient ou lisent des SMS ou des emails
- 49% prennent des photos
- 30% écoutent de la musique
- 28% utilisent des applications (GPS, jeux, réseaux sociaux…)
- 24% consultent des sites d’information en ligne
Conséquences ?
- 23% ont heurté un autre piéton
- 16% ont heurté un poteau
- 8% se sont fait renverser par un véhicule !
Téléphones portables et conduite dangereuse
En 2015, une enquête française a montré que 10% des accidents de la route étaient dus à l’utilisation de mobiles ! Les comportements les plus coupables sont ceux des jeunes conducteurs de 18 à 24 ans, puisque 78% d’entre eux avouent utiliser régulièrement leur portable tout en conduisant et 51% considèrent que cela ne leur pose aucun problème de répondre à un appel ! Ces chiffres ont été confirmés par une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé qui démontre que téléphoner au volant avec un portable multiplie par 4,9 les risques d’accident et par 3,8 en cas d’utilisation d’un kit mains libres !
Ces statistiques de risques très élevés ont pour origine plusieurs facteurs : l’augmentation du temps de réaction si un incident surgit, la difficulté à conserver une bonne trajectoire (on constate, en effet, dans la plupart des cas, un franchissement de la ligne de séparation des voies), l’utilisation moins fréquente des rétroviseurs et enfin le manque de vigilance lors du croisement avec des passages protégés pour piétons (selon ces études, les trois-quarts des conducteurs ne s’arrêtent pas pour les laisser traverser !).
Les autorités de nombreux pays s’inquiètent aussi de la récente apparition de tablettes dans certains modèles de voitures. En effet, plusieurs constructeurs proposent des véhicules avec des tablettes à l’intérieur. Si celles fixées derrière les sièges avant ne sont pas critiquables, c’est la présence d’une grande tablette dans le tableau de bord qui pose un sérieux problème de sécurité : elle risque, en effet, de détourner l’attention du conducteur et de provoquer des accidents.
Quelques exemples dramatiques !
Juin 2003, près de Villefranche-sur-Saône : un texto passé à 180 km/h !
Sur l’autoroute A40, une conductrice suisse de 34 ans percute, à la vitesse hallucinante de 180 km/h, la fourgonnette qui fermait le cortège d’un convoi de CRS se rendant dans le nord de la France.
Cette femme conduit à une vitesse totalement excessive, bien au-dessus de la limite de 130 km/h autorisée, alors qu’elle est enceinte de 5 mois et que ses deux enfants, en bas âge, sont assis à l’arrière de la voiture : de l’inconscience totale !
Le choc est effroyable et le bilan dramatique : deux CRS tués sur le coup et deux blessés graves, alors que la femme s’en tire avec seulement les deux poignets fracturés et sque es deux enfants s’en sortent indemnes ! Un vrai miracle.
Aux policiers appelés sur le lieu de l’accident, la conductrice déclare n’avoir absolument pas vu la fourgonnette car… elle était en train de taper un texto sur son portable ! On apprendra plus tard, lors du procès en première instance, qu’elle souffre de troubles psychologiques sérieux (son âge mental correspond à celui d’un adolescent de 12 ans) et qu’elle est placée sous tutelle depuis plusieurs années. En 2005, elle a été condamnée par la Cour d’appel de Lyon à 30 mois de prison ferme (où elle a accouché) et à 5 ans de suppression de permis de conduire. La sanction peut paraître faible, mais la Cour a estimé que les CRS avaient une part de responsabilité car... ils n’avaient pas bouclé leur ceinture de sécurité !
Juin 2013, à Ivry-sur-Seine : un conducteur de bus RATP irresponsable !
Kevin, 30 ans, conducteur de bus de la RATP, percute une voiture et tue le passager : il ne regardait plus la route car il était absorbé par la conversation qu’il était en train de tenir avec sa femme, en plein service, alors que de nombreux passagers étaient dans le bus ! L’enquête policière montrera, un peu plus tard, que ce conducteur était un vrai danger public au volant, ayant déjà été responsable de 20 accidents de la circulation au cours des 5 années précédentes ! Les personnes chargées du recrutement à la RATP n’avaient manifestement pas enquêté sur lui avant de l’engager !
Mai 2014, dans la Marne : un chauffeur routier distrait par 48 SMS au volant, juste avant son accident !
Sur l’autoroute A4, un chauffeur routier roule trop vite. Résultat : quand, devant lui, se produit un ralentissement, il ne peut freiner efficacement. Son poids lourd percute alors quatre voitures et un camion, tuant deux personnes. Les policiers constateront, en étudiant la messagerie de son portable trouvé dans la cabine, qu’au cours de l’heure précédant l’accident, il avait reçu 19 SMS et en avait envoyé 29 ! Autant dire que le conducteur n’était pas vraiment concentré sur la conduite de son poids lourd, c’est le moins qu’on puisse dire !
Janvier 2016, à Detroit (USA) : mort pour avoir conduit en visionnant un film porno !
La police de la ville de Détroit (État du Michigan), appelée par un anonyme qui avait composé le 911, se rend sur le lieu d’un accident de voiture. Elle découvre alors un véhicule qui s’est désintégré après plusieurs tonneaux. Après désincarcération du cadavre du conducteur, un certain Clifford Ray Jones âgé de 58 ans, affreusement broyé dans l’habitacle, les policiers ont la surprise de constater que son téléphone portable est non seulement intact, mais toujours en fonctionnement : sur l’écran, en effet, est en train de défiler un film porno qui a manifestement trop captivé le conducteur, ce qui lui a coûté la vie !
Danger : des téléphones portables dans les salles d’opération !
Malgré une loi votée en 1995 interdisant, en France, l’utilisation des téléphones portables dans les salles d’opération, on constate que de plus en plus de chirurgiens et de personnel soignant envoient leurs textos du bloc opératoire lui-même ! Dans notre pays, on ne signale, pour l’instant, aucun décès qui serait survenu parce qu’un chirurgien aurait donné la priorité à son portable plutôt qu’à son patient. Mais, il y a quelques années, au Texas (USA), un anesthésiste trop concentré sur le texto qu’il était en train de taper, a complètement « oublié » sa patiente de 61 ans. Résultat : quand, au bout de 5 minutes, son texto est parti, sa patiente était décédée ! En plus de ce type d’inattention qui, dans une salle d’opération, peut coûter la vie à un patient, il importe de mentionner un autre danger, beaucoup plus fréquent celui-là : celui du manque d’hygiène ! En effet, selon une étude réalisée en 2010 par l’université anglaise de Manchester, un téléphone portable contiendrait 500 fois plus de microbes et de bactéries qu’un… siège de toilettes ! L’horreur ! Les bestioles invisibles, transmises par la peau humaine au mobile, sont de la pire espèce : salmonelles, staphylocoques dorés, streptocoques, Escherichia coli (nom scientifique du colibacille)… De quoi accroître les risques d’infections nosocomiales dans les blocs opératoires… risques qui sont déjà très élevés ! Rappelons que les maladies nosocomiales tuent, en France, 9 000 patients environ par an, dont 4 200 personnes dont le pronostic vital, en entrant à l’hôpital, n’était pas engagé à court terme ! Prions donc pour que tous les intervenants des blocs opératoires pensent désormais à nettoyer leurs mains, mais aussi leur téléphone portable, à l’aide d’un produit biocide efficace, avant de pénétrer dans le bloc opératoire !
Des accidents graves causés par les téléphones portables !
On relève, dans la presse internationale, de nombreux incidents, dont certains mortels, survenus à des utilisateurs de mobiles. Il faut noter que la plupart des compagnies d’assurances ne couvrent plus les dommages éventuels causés par les mobiles ! Aux Etats-Unis, en 2015, le bilan est catastrophique : 3 328 personnes se sont tuées sur la route à cause de leur portable, contre 400 en France ! Voici le florilège des cas les plus étonnants, relevés dans le monde entier.
2004, en Inde : il meurt électrocuté par son portable !
Un certain K. Viswajithest a été foudroyé par une décharge électrique pendant qu’il répondait à un appel qu’il venait de recevoir sur son portable. Comme son appareil était de la marque finlandaise Nokia, cette entreprise a décidé de mener une enquête sur le téléphone coupable de meurtre. Le résultat a été édifiant : la décharge mortelle provenait de la batterie du téléphone de monsieur Viswajithest. Mais, surprise, cette batterie n’était pas du tout d’origine : il s’agissait d’une contrefaçon !
Inquiets, les dirigeants de Nokia ont alors procédé à l’étude de plusieurs milliers de téléphones portables, sortis de leurs usines et commercialisés dans différentes parties du monde. Ils sont tombés des nues : des centaines de milliers de batteries contrefaites circulaient un peu partout dans le monde : la plupart en Asie (Chine, Inde, Thaïlande, Vietnam…), mais aussi au Royaume Uni, aux Pays-Bas… ! Ces fausses batteries Nokia ne possédaient pas, à l’intérieur, de système de sécurité pour éviter les courts-circuits : voilà pourquoi elles finissaient parfois par déclencher un phénomène de réaction en chaîne « surchauffe/incendie/explosion » ! Vues de l’extérieur, elles avaient toutes l’apparence des batteries Nokia… à quelques petites différences près (afin d’éviter d’éventuels procès en utilisant la marque Nokia) : elles s’appelaient « Nok », « NK » ou portaient un message du type « Batterie de remplacement » !
Août 2006, aux États-Unis : son portable met le feu à sa voiture !
Un homme se gare devant une pompe à essence dans une station-service. La caméra de sécurité filme toute la scène (images disponibles sur YouTube). On voit le conducteur enlever le bouchon du réservoir et commencer à faire couler l’essence, lorsqu’il reçoit un appel sur son portable : une étincelle jaillit et, en quelques secondes, l’essence prend feu ! Par chance, le conducteur n’est pas sérieusement brûlé, mais il l’a échappé belle. L’explication, donnée ensuite par un expert des incendies, incriminera la batterie du portable.
Septembre 2009, aux États-Unis : deux motards amputés à cause d’un texto !
La journée avait pourtant bien commencé pour David et Linda Kubert, habitant à Mine Hill (New Jersey) : ils avaient décidé, en effet, d’aller faire un tour sur leur moto Harley-Davidson. Une heure plus tard, la balade tourne au drame et leur vie va basculer dans l’horreur. À la sortie d’un virage, ils se retrouvent nez à nez avec une camionnette… sans conducteur ! Le choc est effroyable : les deux motards sont violemment éjectés sur le bas-côté et ne parviennent plus à se relever. Leurs blessures sont si graves qu’il faudra les amputer, chacun, de leur tibia gauche.
De la camionnette, qui s’est immédiatement arrêtée après l’accident, sort un jeune de 18 ans, Kyle Best : les motards ne l’ont pas vu au volant car… il avait baissé sa tête afin de taper un texto sur son téléphone portable ! Quatre ans plus tard, en appel, le juge condamne la compagnie d’assurances de Kyle Best à verser 500 000 dollars d’indemnités à David et Linda Kubert. L’avocat de ces derniers a aussi attaqué Colonna, la petite amie de Best, estimant que celle-ci est co-responsable de l’accident : en effet, alors qu’elle savait que son copain était au volant, elle lui a quand même envoyé un texto pour indiquer le lieu de rendez-vous où elle l’attendra, texto auquel s’est empressé de répondre Kyle Best alors qu’il était au volant de sa camionnette. En refusant d’incriminer la jeune femme, le juge n’a pas donné suite à la requête de l’avocat.
Janvier 2014, aux États-Unis : son mobile s’enflamme dans sa poche !
À Kennebunk, une petite ville à 130 km au nord de Boston, sur la côte est des Etats-Unis, une collégienne enfouit son téléphone portable dans l’une des poches arrière de son jean, avant d’entrer en classe. Quelques minutes après, elle pousse un cri de douleur : son pantalon prend soudainement feu ! Elle s’en sortira avec une brûlure au troisième degré à la cuisse et en bas du dos. Après enquête, un expert déclare que le responsable du drame est, encore une fois, la batterie du téléphone.
Août 2014, en Grande-Bretagne : elle a le sein brûlé par son portable !
Dionne Baxter, une jeune Anglaise de 24 ans, s’est endormie sur son téléphone portable après l’avoir branché, afin de le recharger pendant la nuit. Quelques heures plus tard, Dionne est réveillée par une atroce douleur à la poitrine : le mobile s’est mis en surchauffe et l’augmentation de température a fini par lui brûler le sein gauche, plaie nécessitant plusieurs jours d’hospitalisation !
Juin 2015, dans le Nord de la France : la foudre fait exploser son téléphone !
À Escaudain, près de Valenciennes (Nord), au cours d’un très fort orage, une boule de feu (ce que certains chercheurs appellent la « foudre en boule ») pénètre dans une maison et va frapper le portable du jeune ado de la famille, au moment même où il tapait un texto. Gravement brûlé à une main, il est emmené à l’hôpital et n’a plus aucune sensibilité dans ses doigts : deux seulement peuvent bouger et les trois autres sont paralysés !
Quand les téléphones portables perturbent les acteurs !
Malgré les avertissements systématiques, adressés aux spectateurs par les directeurs de salles (théâtres, cinéma, opéra,…), de nombreux spectacles continuent d’être perturbés par les sonneries de portables. Pourtant, l’humour est souvent utilisé pour faire passer le message : « Chers spectateurs, merci de penser à rallumer votre portable à la fin du spectacle ! ». Rien n’y fait : il y a toujours des « accros » au mobile qui ne peuvent pas se passer de leur téléphone, même au cours de représentations où le silence et la politesse doivent régner.
Parmi les incivilités les plus criantes, on peut relever celles qui perturbent les acteurs sur scène. Comme ce qui est arrivé un samedi de juillet 2015 à l’actrice américaine Patti Lupone, sur la scène du Lincoln Center à Broadway (New York) : dérangée, lors de son spectacle en matinée, par trois sonneries intempestives auxquelles elle n’a pas réagi mais qui l’ont terriblement contrariée, elle n’a pas supporté, en soirée, qu’un spectateur du premier rang tapote un texto sous ses yeux ! C’était trop ! Se précipitant sur le spectateur indélicat, elle lui a arraché son portable et l’a jeté au fond de la salle, puis est remontée sur la scène pour poursuivre son texte… sous les applaudissements du public !
Mais, dans ce domaine, la palme revient, sans aucun doute, à un jeune new-yorkais de 19 ans, Nick Silvestri. Quelques jours seulement après l’affaire de Patti Lupone, ce spectateur est l’auteur d’un incident qui a eu lieu, toujours à Broadway mais au Booth Theatre, cette fois-ci. La pièce « La main de Dieu » va commencer : les lumières s’éteignent dans la salle et le régisseur vient de lancer la musique du spectacle. Soudain, le jeune homme, confortablement assis à sa place, baissant les yeux sur son écran de portable, se rend compte que la batterie de son portable vient de tomber à 0% ! Paniqué à l’idée qu’il ne puisse pas être joint pendant le spectacle, il se précipite sur scène où il a aperçu… une prise électrique ! Pas de chance : il s’agissait d’une prise factice, faisant partie du décor !
Broadway (USA) : Nick Silvestri essaye de recharger son mobile sur une prise factice du décor (photo prise par l’un des spectateurs... avec son portable) !
Des techniciens, accourus des coulisses, se ruent sur lui et le font sortir de force de la salle : un agent de police, alerté par le directeur, fait immédiatement passer au perturbateur un test de dépistage de drogue (négatif) et un test d’alcoolémie (positif !). Nick Silvestri reconnaît alors avoir bu quelques verres avant d’aller au théâtre et surtout être… un accroc incorrigible à son téléphone portable ! Il sera obligé, le lendemain, de faire ses excuses publiques devant les médias, réunis à l’entrée du théâtre.
Électrocuté dans son bain par son portable !
Le drame s'est produit le 5 février 2023 à Tence, petit village de Haute-Loire à la frontière avec l'Ardèche. Un jeune homme, âgé de 25 ans, consultait son téléphone portable dans son bain. Soudain, son smartphone lui a glissé des mains et est tombé dans l'eau. Le jeune homme a été électrocuté et est mort sur le coup ! Les secours, arrivés sur les lieux, n'ont pu que constater le décès et ont déterminé que c'est arrivé parce que le portable de la victime était en charge au moment du drame !
La folie meurtrière des « selfies » !
Ces dernières années, le téléphone portable est devenu, pour ses utilisateurs, un moyen de s’autocélébrer en se « tirant le portrait ». Les Anglo-Saxons nomment cela « selfie », terme qui pourrait se traduire par « autoportrait », et qu’ils n’hésitent pas à parodier en le transformant en « selfish », (égoïste) car ce type de photo représente, pour les psychologues et les psychiatres, l’expression d’une sorte de culte de sa propre personnalité qui va même au-delà du concept habituel de narcissisme ! Les Québécois ont préféré le mot « égoportrait », très expressif aussi.
Avant l’invention des portables, certains appareils photo disposaient d’un déclencheur automatique, ce qui laissait quelques secondes à son propriétaire pour appuyer sur le bouton et courir se mettre dans le champ visuel pour avoir une chance d’apparaître sur la photo !
Ainsi, il y a un siècle (1914), la grande duchesse Anastasia Nikolaïevna (la quatrième fille du tsar Nicolas II de Russie, fusillée par les bolcheviks avec ses sœurs et ses parents en 1918 à Ekaterinbourg) fut l’une des premières à faire son autoportrait photographique face à un miroir.
Autoportrait de la grande duchesse Anastasia Nikolaïevna (1914)
Le principe du « selfie » est, en effet, d’une banalité désarmante : on se prend en photo devant quelque chose d’intéressant (le tableau de la Joconde au musée du Louvre ou au pied de la Tour Eiffel) ou encore devant quelque chose de nettement moins intéressant (par exemple, à côté d’un personnage politique ou d’une star du show-business,... Le message, destiné aux autres, est sans ambiguïté : « Alors, ça vous épate hein ?! ».
Avoir capturé une photo avec son mobile n’est cependant que le début du scénario : il faut ensuite que le cliché soit partagé, sur la toile, avec le plus grand nombre possible d’internautes. Pour cela, il faut ouvrir une page sur un des nombreux réseaux sociaux disponibles sur le Web.
Le site qui rencontre actuellement le plus de succès et qui va (peut-être) permettre à votre photo de faire le tour de la planète, est sans conteste Instagram (mot-valise formé à partir de « instant » et « telegram »), site créé en 2010 et racheté deux ans plus tard par Facebook. Sur ce site, les millions de membres ne montrent que des photos, à peine légendées. Le selfie peut être d’une banalité affligeante : ainsi, le célèbre joueur-star de l’équipe de football du PSG, Lionel Messi, a obtenu 1,4 million de « like ! » (« j’aime ! ») et 62 000 commentaires après avoir publié une photo de lui… s’apprêtant à tremper une tartine dans sa tasse de thé !
Dès que son cliché est publié (« posté », dans le langage des internautes), son auteur n’est obsédé alors que par un seul chiffre : celui qui figure juste en dessous de sa photo, ce que les spécialistes nomment le « Nombre de vues » ou le « Nombre de likes » (« J’aime »). Si, un jour, votre photo a la chance d’avoir été regardée par plusieurs millions de fois, vous devenez alors un véritable héros du Web !
À qui appartiennent les droits d’un « selfie » pris par un singe ?
Une étrange affaire a captivé les médias du monde entier en 2014. Un photographe animalier britannique, du nom de David Slater, a attaqué en justice l’encyclopédie sur Internet Wikipédia. L’histoire est cocasse : en 2011, de retour d’un reportage sur une famille de singes macaques à crêtes, vivant dans l’île de Sulawesi en Indonésie, David Slater publie, sur son site Internet personnel, plusieurs photos étonnantes d’un de ces singes… qui aurait lui-même fait des autoportraits : « Il a dû prendre des centaines de photos avant que je ne réussisse à récupérer mon appareil, mais peu d’entre elles étaient nettes. Il n’avait évidemment pas encore trouvé la solution à ce problème ».
Slater avoue alors que le singe l’avait observé prendre des clichés sur son appareil numérique professionnel, posé sur un trépied. Mais qu’ensuite il est allé photographier, avec un autre appareil, d’autres individus du groupe. Revenu plus tard vers l’appareil sur pied, il est très étonné de constater que la carte mémoire contient un nombre incroyable de photos du même singe : celui-ci avait appuyé en rafale sur le déclencheur, réalisant ainsi plusieurs centaines de photos dont certaines ont été qualifiées de « selfies » sur le site Internet de Wikipédia ! David Slater réclame alors des droits d’utilisation à Wikipédia, qui refuse tout net. Slater attaque en justice et, le 19 août 2014, le Bureau américain des Brevets (dépendant de la Bibliothèque du Congrès) rend son verdict : « Notre Bureau n’enregistrera pas de travaux produits par la nature, les animaux ou les plantes car ils échappent à la protection intellectuelle. De même, le Bureau ne peut enregistrer le travail attribué à des êtres divins ou surnaturels, bien qu’il puisse enregistrer un travail dans lequel ceux qui font la demande affirment que ce travail a été inspiré par un esprit divin » !
Le selfie de lui-même, réalisé en 2014 par un macaque à crêtes d'Indonésie !
Quand « prise de la photo » rime avec « prise de risque » !
Pour pouvoir « épater la galerie » du Web, de nombreux internautes ne se contentent plus de se photographier devant un tableau, fut-il célèbre : ils cherchent le meilleur moyen de faire parler d’eux, en essayant de se donner le maximum de frissons au moment de leur prise de vue, frissons qu’ils espèrent faire partager à ceux qui regarderont ensuite cette photo sur Internet. « Prise de la photo » rime alors avec « Prise de risque » !
Résultat : à cause des « selfies » de plus en plus insensés (certains n’hésitent pas à dire « de plus en plus débiles »), le nombre de morts parmi leurs auteurs croit de façon exponentielle chaque année !
Des chercheurs pensent même que la création récente des perches, ces cannes dont la plupart font un mètre de long environ (il en existe même des télescopiques qui font plusieurs mètres) et au bout desquelles on met son portable afin d’obtenir un champ visuel plus large derrière soi, a contribué à augmenter la prise de risques… qui peut s’avérer mortelle pour certains accrocs au « selfie » !
Ainsi, en 2015, le chiffre officieux (à l’heure actuelle, il n’y a pas de chiffre officiel car ce type de décès n’est pas encore pris en compte dans les rapports des enquêteurs), de personnes décédées au cours de la réalisation d’un « selfie », a atteint le chiffre aberrant de 49 dans le monde ! La moyenne d’âge des décédés est de 21 ans et les trois-quarts sont de sexe masculin : est-ce un excès de testostérone qui pousse les jeunes hommes à montrer qu’ils sont capables de se dépasser… au-delà des limites du raisonnable ? Dans ce bilan funeste de 49 morts en 2015, 19 personnes ont été tuées en chutant dans le vide (du haut d’une falaise, d’un immeuble,…), 12 se sont noyées, 10 ont eu un accident lié à la circulation (voiture, moto, train,…) et 8 ont été attaquées par des bêtes sauvages (ours, requins, bisons, serpents venimeux, taureaux,…) !
Paul Souders, photographe professionnel américain, ne semble pas très rassuré en faisant un selfie à côté d’un grizzli, en Alaska ! Par chance, l’ours ne l’attaquera pas.
Attention aux faux « selfies » sur Internet !
Il existe des petits malins qui font des montages sur Photoshop et « postent » ensuite leur création sur les réseaux sociaux, en faisant croire qu’ils ont défié la mort. Ce type de faux selfie est appelé, par les Anglo-Saxons, un fake.
En voici un exemple spectaculaire qui a créé la panique sur Internet. En août 2014, un musicien américain, du nom de Pete Wentz, a inventé l’histoire de James Crowlett, censé être un agent d’assurance de 34 ans vivant dans l’Oregon, mort déchiqueté par un requin alors qu’il se baignait en Floride… lors de son soi-disant voyage de noces !
Des gens de son entourage, l’ayant reconnu, ont raconté la vérité sur les réseaux sociaux. L’un de ses amis a même retrouvé les deux photos ayant servi au montage et les a diffusées sur Internet !
À gauche la photo spectaculaire, ("fake") postée en août 2014 sur les réseaux sociaux et, à droite, les deux visuels dont s’est servi Pete Wentz pour réaliser son faux selfie.
Voici quelques histoires dramatiques de selfies, mais malheureusement bien réelles, publiées dans la rubrique « Faits divers » de la presse internationale.
Mai 2014, aux États-Unis : deux morts dans le crash d’un petit avion !
Près de Watkins, ville de l’État du Colorado (USA), Amritpal Singh (29 ans) décide d’emmener un copain, pour une balade de nuit à bord de son Cessna 150. Quelques minutes à peine après le décollage, le petit avion à deux places s’écrase brutalement dans un champ, sans qu’un incident technique ne soit signalé. La Police, arrivée très vite sur le lieu du crash, comprend ce qui s’est passé : après avoir retrouvé, dans l’épave, la caméra intacte du pilote, un policier visionne les enregistrements et la vérité éclate. Le passager se filmait lui-même, puis a dirigé la caméra sur le pilote, oubliant qu’elle était équipée d’un flash très puissant qui a certainement ébloui le pilote. Et comme celui-ci volait à trop basse altitude, il n’a pas pu redresser la trajectoire de l’avion.
Amritpal Singh, passionné de selfies et de pilotage d’avion, s’est crashé avec son passager à Warkins (Colorado), en voulant combiner ses deux passions en même temps.
Août 2014, au Portugal : un couple tombe de 140 mètres de haut dans la mer !
Au nord-ouest de Lisbonne (Portugal), un couple de touristes polonais a cherché à se prendre en photo au bord de la célèbre falaise de Cabo da Roca. Pour réussir à faire un cliché saisissant, on imagine que les amoureux ont voulu se mettre tout au bord du vide : mal leur en a pris, car ils ont chuté ensemble dans la mer ! Leurs corps ont été retrouvés, le lendemain, par la Police locale. Mais pas leur téléphone portable…
Janvier 2015, en Russie : pulvérisés par une grenade dégoupillée !
Deux jeunes russes, faisant une randonnée dans les montagnes de l’Oural, trouvent par hasard une grenade de la Seconde Guerre mondiale. Il leur vient alors à l’esprit que cela pourrait être une belle occasion de faire des selfies très originaux. Ils prennent plusieurs clichés, grenade en main puis, à la recherche peut-être d’un plus grand frisson, ils décident de dégoupiller la grenade qui explose... avant qu’ils aient pu prendre la photo ! Les officiers de police russes, arrivés sur place pour leur enquête, ont retrouvé deux cadavres mais, étrangement, le portable était intact et, sur sa carte mémoire, figuraient plusieurs clichés pris avant l’explosion !
Mai 2015, en Roumanie : elle meurt électrocutée !
Près de Bucarest, Anna Ursu, une jeune Roumaine de 18 ans, a trouvé une idée qu’elle estimait géniale pour épater ses copines, car la centaine de portraits qu’elle avait déjà postés sur son site n’intéressait plus personne. Elle a alors décidé de monter sur le toit d’un wagon, à l’arrêt sur une voie de garage, et de se préparer à faire un selfie. Malheureusement, le déclenchement de son mobile provoque alors un arc électrique d’une puissance telle, que la jeune fille est instantanément électrocutée !
Août 2015, aux États-Unis : il est mordu par un crotale !
À Lake Elsinore, petit village de Californie, Alex Gomez, 36 ans, s’ennuie dans sa ferme lorsqu’il aperçoit un crotale (appelé communément « serpent à sonnettes », il s’agit d’un animal très venimeux). Gomez a alors l’idée de faire un selfie qu’il estime extraordinaire : il attrape le serpent et l’enroule autour de son cou, comme il le ferait avec une écharpe ! Puis, il sort son portable de sa poche afin de réaliser ce qu’il pense être la « photo du siècle » ! Par un hasard extraordinaire, il déclenche sa prise de vue au moment précis où le crotale, beaucoup plus rapide que lui, le mord à la main gauche (ce qui explique le léger flou de la photo). Emmené d’urgence à l’hôpital par son épouse, Gomez sera finalement sauvé, mais pas sa main que les chirurgiens ont été obligés d’amputer.
Alex Gomez a pris son selfie au moment même où le crotale le mord à la main gauche !
Août 2015, en Espagne : transpercé par les cornes d’un taureau !
Chaque année en Espagne, plusieurs personnes sont tuées lors des courses de rues devant des taureaux. Depuis la mode des « selfies », le nombre de morts est malheureusement à la hausse ! En août 2015, à Villaseca de la Sagra près de la ville de Tolède, au cours du festival annuel de tauromachie très prisé dans la région, l’animation la plus populaire est incontestablement le lâcher de taureaux dans la ville. Il s’agit, pour ceux qui veulent y participer, de courir (vite !) devant les taureaux qui foncent dans les rues et surtout de ne pas se faire « embrocher » par leurs cornes acérées. David Lopez, 32 ans, a eu la très mauvaise idée de s’arrêter, dos aux bêtes, afin de pouvoir réaliser le « selfie » de sa vie ! Il ne verra jamais le résultat.
David Lopez en train de prendre un selfie... quelques secondes avant sa mort !
Septembre 2015, en Russie : le champion des selfies tombe de 9 étages !
À Vologda, ville située à 450 kilomètres de Moscou, l’une des stars mondiales du selfie a perdu la vie. Sur son compte Instagram, Andrei Retrovsky un jeune Russe âgé de 17 ans avait posté de nombreux clichés de ses exploits précédents où on le voyait perché sur des poutrelles d’immeubles en construction. Sa vie s’est terminée lorsqu’il a chuté du 9e étage d’un immeuble de sa ville. Son portable, retrouvé intact en bas, ne comportait aucune image de sa dernière tentative ! La dernière photo d’Andrei Retrovsky vivant est celle qu’il avait prise, les pieds dans le vide, quelques jours avant le drame et qu’il avait postée sur son site : on le voit se tenir, d’une seule main, au rebord d’une tour d’habitation, le corps dans le vide.
Février 2016, en Inde : il est percuté par un train !
À Chennai, S. Ramuthai, un adolescent de 16 ans, décide faire ce qu’il pense être une photo extraordinaire : pour cela, il se place sur une voie ferrée et attend, de dos, l’arrivée de l’express local, lancé à pleine vitesse. Percuté mortellement, S. Ramuthai ne verra jamais le résultat de son « selfie » ! L’officier de police appelé sur les lieux n’a pu que constater le décès : « Il s’agit vraiment d’un accident stupide. Hélas, de plus en plus de jeunes gens sont accros aux « selfies » et sont prêts à faire n’importe quoi pour qu’on parle d’eux. Nous avons eu trois autres jeunes tués de la même façon cette année ! Nous avons donc été obligés de créer des zones spéciales, avec des panneaux indiquant « Selfies interdits » afin de tenter de faire baisser le nombre d’accidents » !
Le téléphone portable peut-il rendre fou de jalousie ?
Grâce aux objets connectés, les individus jaloux ou méfiants vont désormais pouvoir espionner leur partenaire ! En effet, de plus en plus de personnes doutant, à tort ou à raison, du comportement amoureux de leur conjoint (époux, épouse, fiancé, fiancée, petit ami, petite amie…) se précipitent sur Internet afin de s’équiper en gadgets dignes de James Bond !
Ainsi, le logiciel GSM Espion (300 euros), illégal en France mais proposé sur des sites Internet étrangers, permet d'écouter à distance l'environnement sonore de la pièce où se trouve le partenaire et de recevoir, en copie, tous ses SMS ! Et s’il les a tous supprimés, pas de problème : il suffit d’acheter un lecteur de carte SIM Espion (80 euros), qui récupèrera tous les messages effacés ! Ce type de logiciels permet d’espionner non seulement les SMS, mais aussi la liste d’appels, les mails, le calendrier, le répertoire de contacts, les photos et vidéos, les consultations sur Internet... Il permet aussi de surveiller les messages instantanés sur des applications comme Facebook ou Skype et de géolocaliser son portable, ce qui indiquera l’endroit exact où il se trouve et en temps réel !
Certains logiciels permettent même de demeurer complètement invisibles, donc parfaitement anonymes car ils ne pourront pas être détectés par le partenaire à surveiller ! Ils transmettent ensuite toutes les données à une plate-forme sécurisée sur le Web où celui qui a perdu confiance en son partenaire peut (et lui seul) extraire ensuite toutes les données transmises.
Autres gadgets d’espion : le jaloux (la jalouse) peut acquérir un traceur GPS à 35 euros (placé sous la voiture de l’autre, il facilite les filatures) ou bien un « keylogger » (65 euros) qui enregistre les frappes tapées sur le clavier de l’ordinateur à pirater et permet de connaître recherches, mails et mots de passe effectués !
09:44 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Merci pour cet article qui m'a bien fait rire, incroyable, enfin c'est ce dont vous parlez qui est incroyable, oui, para-normal : à côté de la norme : à côté de ses pompes !
Pour ma part, le selfie n'est pas de mon époque, ouf, mais j'avoue lui avoir trouvé une utilisation très pratique : dans les magasins d'optique, pour essayer des montures : comme je suis myope, je ne me vois pas bien dans la glace : alors là, prendre des photos me permet de comparer et de faire le bon choix !
Écrit par : Aline | 16/01/2017
Répondre à ce commentaireAline
Merci beaucoup pour votre commentaire sur mon article consacré aux "selfies" et pour le conseil que vous nous donnez afin de voir, chez l'opticien, à quoi on ressemble quand on essaye une nouvelle monture... sans les verres correcteurs ! Le portable est, en effet, très utile dans ce cas.
Jacques Mandorla
Écrit par : Jacques Mandorla | 16/01/2017
Répondre à ce commentaireJe rejoins Aline dans son commentaire. Discussions houleuses avec des amis voyant dans les photos des formes animales ou humaines. J'avoue ne pas pouvoir y adhérer dès lors où nombre de fois l'on m'a montré même des photos sorties tout droit de l'imprimante où les personnes étaient persuadées voire convaincues d'y voir des formes, des visages humains, des orbes. Mais même en leur expliquant que ce n'est que l'effet ou le fruit de leur imagination ou aucune explication et que rien ne peut se matérialiser en tout cas de cette façon. c'est un sujet sensible et l'on ne peut en jouer car dangereux pour les personnes déjà fragilisée par la perte d'un être, d'un animal cher à leur cœur. A l'heure du numérique beaucoup y voient des phénomènes qui n'existent pas et des cercles se forment qui pour moi peuvent entraîner vers une psychose générale. En général lorsqu'il y a une manifestation métaphysique il y a des signes très profonds et particuliers que seule la personne concernée peut détecter et surtout peut prouver. Cordialement. G. de Carli
Écrit par : de carli | 14/02/2017
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